Peter van Poehl


Peter_Von_PoehlCONCERT PETER VON POEHL
Eglise St André, jeudi 19 Avril 2012

Étonnement, c’set dans l’Eglise Saint André que le festival des paradis Artificiels s’est arrêté le temps d’une soirée pour nous offrir un concert de Peter Von Poehl.
Ce nom ne vous dit peut être rien mais ce jeune suédois est à l’origine des bandes originales de films tels que l’Arnacoeur ou encore l’émouvant film La Guerre est déclarée.
Dans une église froide mais envahie de musique, il nous a offert, accompagné de son violoncelliste, un moment de poésie acoustique stupéfiante de justesse et emplie d’émotion.
Rencontre (dans une sacristie) avec un artiste polyvalent qui n’a pas compté son temps et son humour pour nous faire part de ses impressions sur un concert atypique et de ses projets.


Qu’est ce que ça fait de faire son concert dans une église ?
Il fait froid (rires).
D’habitude, quand on joue dans une salle de concert traditionnelle, on a une sorte de rituel avant d’entrer en scène, de commencer à jouer, qu’on soit musicien ou public d’ailleurs. Du coup, se retrouver ailleurs, comme dans une église oui, ca change la donne et c’est une grande expérience. Je cherche toujours à changer les habitudes, comme des « accidents » donc c’est très bien.
A part ça, je ne suis pas croyant ou pratiquant, mais j’aime beaucoup les églises. J’ai l’impression que ce sont des lieux en dehors de notre temps, un peu délirants, dans un paysage actuel où tout se transforme en centre commercial ou chose comme ca.
Même si je ne suis pas croyant, c’est évident que jouer dans une église, que ce soit par la disposition, par l’acoustique, ça change complètement la façon de jouer.

Comment s’organise le travail entre vous et le violoncelliste qui vous accompagne ?
En fait notre méthode, c’est de ne pas avoir de méthode (rires), de ne pas vraiment travailler.
Après les premières balances du premier concert, j’ai changé les choses, ajouté des chansons. Comme il très rapide pour s’adapter, ça nous laisse une belle place à l’improvisation à chaque concert.

Pourquoi ce choix d’une tournée acoustique / unplugged ?
Je sors de l’enregistrement d’un disque (dans un studio au sud de la Suède). C’est un projet qui regroupe beaucoup de musiciens.
On retravaillait au fur et à mesure les partitions suivant les concerts qu’on avait fait.
Le disque existait sur partitions mais on a eu le luxe et la chance de pouvoir retravailler ça après chaque concert, suivant l’évolution et le rendu que cela donnait.  Et quand on est allés enregistrer l’album, tout s’est fait en une journée parce que le travail d’ajustement était déjà fait en quelque sorte.
Faire de concerts où tout peut partir n’importe comment, dans différentes directions, c’est un grand luxe.

Le succès des chansons qui ont marqué les films l’Arnacoeur et La Guerre est déclarée ont elle changé votre façon d’aborder ce nouvelle album à venir ?
Le succès est relatif… Je suis toujours aussi fauché et c’est pour ça que j’enregistre en une seule journée ; je suis ma propre maison de disque (rires).
J’avais enregistré un 1er album qui a fini à la poubelle. Ensuite, j’ai travaillé et enregistré pour les autres. Ca a généré une frustration et un sentiment de travail non abouti qui m’a poussé à y revenir.
J’ai repris certains morceaux que je n’avais jamais fait écouter, des textes que j’avais écris et qui s’inspirais de mon enfance, de mon pays. La musique venait s’articuler autour de ces textes par la suite en fonction de ces souvenirs.
Par contre, pour le 2ème album, j’ai changé ça parce que j’avais peur de refaire le même disque. J’ai donc demandé à d’autres d’écrire les textes pour échapper à moi même et faire la musique ensuite. J’étais décomplexé et ça a été moins laborieux d’écrire ce 2ème album. Et travailler en collaboration avec d’autres, échanger et se compléter, c’est très ludique finalement.
Quant aux sources d’inspirations, cette fois, c’est plus à propos des sentiments et moins des histoires vécues, moins romancé. J’aime bien appeler ça des snapshots qui découlent d’un moment. Ca permet d’aborder des grands thèmes plus facilement, le temps d’une chanson.

Le rôle du cinéma dans la reconnaissance de tes chansons ?
On a l’impression bizarre d’être dépossédé de sa chanson.
Quand on voit certaines images sur sa propre musique, c’est très satisfaisant parce qu’on l’entend d’une voix particulière et différente, on a plus de recul.
Mais pour le film La Guerre est déclarée, c’était très émouvant. J’ai été très touché.
Je suis très intéressé par la composition de musique de films. Ces dernières années, j’ai du refuser des projets parce que j’ai beaucoup tourné et après, je l’ai regretté parce que les films étaient vachement bien !
Mais je le fais de plus en plus et il y a des projets en cours. C’est génial parce que les images donnent toutes les excuses que l’on veut pour réaliser la musique, ca vient tout seul.

Est ce que vous avais pu faire en France des choses que vous n’auriez pas pu faire en Suède ?
Je pense oui.
Je suis arrivé en France en 1998 et j’ai travaillé dans le studio de Bertrand Burgalat. Je devais rester 6 mois et je suis resté 3 ans comme assistant. On a travaillé sur un feu d’artifice de projets jusqu’à ce que son label ferme.
Travailler comme assistant et faire beaucoup de choses avec beaucoup d’artistes, ca m’a permis de travailler avec des gens que j’ai rencontrés à cette époque.
Mais la Suède est quand même le 3ème exportateur de musique au monde derrière les Etats Unis et l’Angleterre !!! Et je vais enregistrer là bas encore aujourd’hui. Il y a énormément de musique là bas, elle est partout dans le quotidien.

Astrid

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