Interview Louis Aguilar

itw_louis_aguilarRIC : Le visuel de ton dernier album évoque des marins, il y a pas mal de termes liés à la navigation dans tes textes et la rumeur dit que tu es couvert de tatouages... serais-tu un pirate?
L.A. : Oui, je fais partie de la 4ème vague de pirates de Dunkerque, Jean Bart était mon oncle!

On a commencé avec des chars à voiles, ensuite on a eu des optimistes, des canoë-kayaks, et maintenant on a un paquebot!  D'ailleurs on en a perdu un la semaine dernière en Italie, on a un peu foiré une trajectoire... J'aime bien les marins!


RIC : Tu en es déjà à ton 4ème album, comment as tu démarré?
L.A. : J'ai fait mon premier concert ici, au Peek-a-Boo quand j'avais 16 ans.  Je jouais de la guitare depuis un moment (7 ou 8 ans) mais je voulais sortir de ma chambre.  J'ai rejoint un groupe au lycée mais je ne m'y sentais pas très à l'aise.  J'ai commencé à écrire des morceaux de mon côté et naturellement j'ai eu envie de les jouer devant un public.  Donc j'ai fait la tournée des bars, avec une démo et j'ai commencé à faire quelques concerts. Mes deux premiers albums ont été produits par un petit label lillois qui s'appelle Ohio Records, enfin le tout premier je l'ai enregistré tout seul chez moi sur un vieux 4 pistes à cassette qu'on m'avait donné, et le suivant, c'est le premier que j'ai enregistré chez Raffie, notre ingé son, donc à Noize Maker Studio à Billy-Montigny.  C'est aussi là que nous avons également enregistré notre dernier album.


RIC : J'ai lu que tu étais parti quelques temps aux Etats Unis, qu'es tu allé y chercher? Comment s'est passé ton séjour là-bas et qu'est ce que ça a apporté à ta musique?
L.A. : J'y suis allé pour chercher l'amour et un trésor!  En fait je suis parti car j'avais envie de bouger.  J'ai grandi à Lille, j'ai eu mon bac, ça ne se passait pas particulièrement bien à la fac et je me suis dit qu'au lieu de tenter désespérément de trouver un truc ici c'était peut être le moment de changer d'air et de voir de nouveaux horizons.  Je suis donc parti dans le Missouri, le milieu du milieu de l'Amérique c'était plus authentique que les grandes villes, la campagne complète.  J'y ai fait une fac d'Arts Plastiques, je jouais de la guitare pour un groupe de country, dans des rodéos, et je faisais des petits concerts dans un bar de la ville tous les mercredis.  Par rapport à la musique que je fais aujourd'hui, ça m'a apporté des histoires, des choses que j'ai pu voir et qui m'ont donné de la matière pour écrire.  Ça m'a apporté aussi pas mal de bons souvenirs car j'y ai rencontré plein de gens, et peut être un peu d'expérience.


RIC : Quelles sont tes influences artistiques, musicales ou autres?
L.A. : Un peu de tout.  Des livres, en particulier les écrivains américains de la deuxième partie du 20ème siècle.  Par exemple Bukowski, même si je n'en ai pas lu beaucoup, m'a influencé au niveau de son état d'esprit, de la simplicité, par exemple de faire des petits boulots qui permettent de faire des rencontres, ses descriptions m'ont vraiment inspiré de par leur côté americana et folk;  Bob Dylan m'a aussi pas mal influencé, Tom Waits... Daniel Johnston aussi pour son côté un peu malade car il sait qu'il est dingue mais ça ne l'empêche pas de faire des choses bien.  Et puis j'aime vraiment le côté folk des années 30/40, un mec tout seul avec sa guitare qui raconte des histoires, ça n'existe presque plus aujourd'hui car les codes ont totalement changé.


RIC: D'ailleurs sur ton nouvel album tu n'es plus en solo puisque tu t'es entouré des Crocodiles Tears, comment as-tu rencontré Nicolas et Brendan et comment se passe la collaboration?
L.A. : Ca faisait un moment qu'on se connaissait avec Nicolas car il est aussi le batteur de Roken is Dodelijk, qui est un groupe avec lequel on se côtoie depuis environ 4 ans, on a déjà tourné ensemble et Nicolas avait déjà fait la batterie sur mon précédent album, Old Man Poems.  Et Brendan est un pote que j'ai rencontré ici un soir, et on a commencé à se voir.  A l'époque il jouait dans un groupe appelé Only for money et on a commencé à jouer ensemble.  A mon retour des Etats Unis j'ai continué la musique, mais je jouais tout seul, et en voyant d'autres groupes autour de moi j'ai eu envie de m'entourer aussi. Au début c'était plus un groupe d'accompagnement et au final 1 ou 2 répèts plus tard on était un vrai groupe.  Pour notre album Close your eyes, you're invisible, j'avais déjà écrit la plupart des morceaux, à l'exception du 2ème titre, "Tales of a Rocking Boat" que nous avons écrit ensemble.  Mais au final, le but c'est d'être les Crocodile Tears, tout simplement.


RIC : D'où vient ce nom d'ailleurs, les Crocodile Tears?
L.A. : A la base c'est une idée de Brendan, qui est irlandais, ce qui fait que quand on se voit on parle toujours une sorte de "franglish".  Et dans la plupart de mes chansons je parle d'animaux, même pas que dans mes chansons en fait, je parle tout le temps d'animaux!  Un soir on bossait et on en est venu à parler des larmes de crocodiles.  Ca nous a plu tout de suite et nous est apparu comme le bon nom.


RIC : Que représente le tatouage pour toi qui en a beaucoup?
L.A.: Pour moi, c'est une espèce de patrimoine.  Je trouve ça très proche de la musique folk telle que je la vois, à savoir une histoire qu'on raconte.  Ce n'est pas forcément hyper personnel, c'est plus un carnet de notes, mais qu'on ne perd jamais.  Mes tatouages n'ont pas forcément une histoire profonde mais marquent des souvenirs que je veux garder, des rencontres que j'ai faites... par exemple j'ai vu un toucan au zoo de Saint Louis, c'était la première fois que j'en voyais un alors que ça faisait super longtemps que je rêvais d'en voir.  Ca m'a marqué que je me suis fait tatouer un toucan.  Rien de plus que ça, mais je sais que quand j'aurais 60 ans je me souviendrai du moment où j'ai vu un toucan pour la première fois!  


RIC : Comment se sont passés les présélections au printemps de Bourges et qu'en attendez vous?
L.A. : Les auditions se sont très bien passées, c'était un super moment avec les autres groupes, on a bien ri. On se connaissait tous, même si on ne fait pas du tout le genre genre de musique, donc il y avait vraiment une ambiance conviviale.  Pour les sélections on a fait de notre mieux, on a aucune idée du résultat mais on attend de voir ce que ça va donner.  


RIC : Est ce que tu considères qu'il y a une véritable communauté parmi les différents acteurs de la scène lilloise, que ce soit les musiciens, les structures qui les accompagnent, etc... ?
L.A. : Une belle bande de copains en tous cas.  En fait beaucoup de projets ont commencé en même temps, prenant d’assaut énormément de lieux de scène musicale, je ne parle pas forcément de tous les lieux mais par exemple ici, au Peek a Boo, il y a pas mal de musiciens qui viennent et se connaissent, sans en faire non plus un lieu exclusivement dédié aux musiciens.  Je pense à des groupes comme Roken, Curry and Coco qui se sont créés à peu près en même temps, vers 2005/2006.  Aujourd'hui j'ai l'impression que Lille commence à être une sorte de "Petit Paris" de la musique, avec des concerts tous les soirs.


RIC : Vous jouez au Biplan ce soir, pour l'Association Free'n'Ethic, qui véhicule partout dans le monde les arts du spectacle auprès de personnes défavorisées ou isolées.  C'est important pour vous de vous engager avec des associations?
L.A. : Ca s'est fait tout simplement, on nous a contacté et on a accepté tout de suite.  Ca nous parait normal de ne pas faire que des concerts dans des grandes salles mais de participer aussi à la vie associative de notre ville.  Ca va être une bonne soirée, avec pas mal de participants, on va bien s'amuser!


RIC : Quels sont vos projets? Vous allez partir en tournée?
L.A. : On va essayer oui!  On va jouer à Bruxelles (4/02), Tourcoing (7/03), Paris (29/03), Maubeuge (14/04), Reims (17/04), Besançon (18/04)... Toutes les dates sont sur notre site!  Une fois qu'on aura fait ça, on aimerait faire quelques festivals et pourquoi pas retourner dans plusieurs salles.  Mais on continue d'écrire c'est super important!

PORTRAIT CHINOIS
Une couleur: Marron
Un pays: les USA!
Un plat: les Hamburgers
Une boisson: le Cuba Libre
Une qualité: les Muscles
Un défaut: trop de Muscles
Un personnage historique: Jean Bart
Un jeu: le Trivial Pursuit
Un film: Down by law (J. Jarmush)
Une musique: Hold on (T. Waits)


Mathilde

Louis Aguilar and the Crocodile Tears
http://louisaguilar.bandcamp.com/

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